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Dernière mise à jour : 20 déc. 2023


champignons dans la forêt
La médecine traditionnelle chinoise suit les lois de la nature.

Je mentionnais dans un billet précédent que la médecine chinoise - en général - et l'acupuncture - en particulier - est avant tout une ethno-médecine. C'est un produit culturel qui a vu naissance il y a plusieurs millénaires, et son apogée (pour l'acupuncture classique) à l'époque des Han (-200 - 200 EC). Il s'ensuit donc que pour arriver à comprendre cette pratique ainsi que les possibilités qu'elle nous ouvre, on se doit d'abord de comprendre la culture qui l'a vu naître, sa vision du monde. J'aurais donc ici un point de vue "traditionnel".

Mais avant de continuer, je me dois de préciser que beaucoup de praticiens ne souscrivent pas à la vision que j'expose ici. Bien au contraire, certains acupuncteurs essayent d'effacer autant que faire se peut les différences d'avec la médecine occidentale - pour gagner en crédibilité, parce que leur champs de croyances ne permet pas un point de vue aussi différent, parce que le monde médical occidental rassure - et pratiquent souvent une médecine occidentale avec des aiguilles. Personnellement, je pense qu'il y a de la place pour tout le monde et que si cette façon de pratiquer permet au moins de limiter les symptômes et les médicaments (et donc leurs effets parfois néfastes), pourquoi pas après tout. Seulement, cet état de fait crée une confusion non seulement chez les non-avertis mais également chez les praticiens de cette discipline qui n'arrivent plus à faire la distinction entre ce qui est "traditionnel" et ce qui a été tellement modifié qu'il ne peut plus être considéré comme tel.

La médecine chinoise est une médecine résolument énergétique. Elle explique la façon dont le souffle de vie (qi/ prana/pneuma etc) anime le corps et entretient la vie. Elle explique qu'il y a un ordre qui va bien au vivant, et que si celui-ci n'est pas respecté, des problèmes s'ensuivent. L'acupuncture n'est ni plus ni moins que l'outil pour arriver à influencer ce flux, le débloquer si besoin, l'amener à circuler à des endroits desservis ou limiter sa circulation à des endroits ou il y en a trop. Car le postulat de base de cette médecine est que tant que ce souffle de vie circule et anime nos cellules, la vie perdure. Quand il est bloqué, rien ne va plus.

Quand un acupuncteur traditionnel pose une aiguille, ce n'est pas pour stimuler tel nerf, ou affecter tel métamère, ou stimuler les fascia ou pour la soupe chimique que la piqure engendre à l'endroit de la pose - combien même ces mécanismes entrent en jeu. Son seul but est de réguler la circulation énergétique. Et la décision quant au choix de méridiens, des points, de théorie à utiliser - est prise suite à des observations et des outils qui n'ont rien à voir avec la médecine occidentale.

L'acupuncteur traditionnel ne voudra jamais "traiter" une "maladie". Il ne le pourra pas d'ailleurs. Ceci est le paradigme propre de la médecine conventionnelle. Tout ce qui intéresse le praticien c'est la circulation énergétique dans les méridiens d'acupuncture qu'il ré-harmonisera grâce à ses outils propres. Une fois le flux remis en fonction, alors les symptômes peuvent disparaître. Mais cela n'est pas la conséquence d'avoir "travaillé sur la maladie (tendinite, migraine ou n'importe quoi d'autre)"!

Mais voilà le grand problème: le langage. Une personne qui consulte en acupuncture n'utilisera jamais un vocabulaire qui parle à son praticien, il ne dira jamais: j'ai un xu de xue, ou mon Jue Yin de pied est faible, je souffre de la sècheresse dans mon Yang Ming ou encore mon Yin de Gan est dans les chaussettes alors j'ai le Shao Yang de pied qui monte dans les tours! Non, il utilisera le plus souvent une terminologie à l'occidentale: sciatique, reflux gastrique, entorse, endométriose etc.

L'acupuncteur traditionnel n'a que faire de ces labels. Il ne les comprend pas, c'est du chinois! Donc il devra poser beaucoup de questions pour arriver à traduire en termes énergétiques le déséquilibre dont souffre la personne. Il ne traite pas des maladies, il s'occupe du terrain. Même quand il emploie des termes comme le Foie, la Rate, le Rein pour avoir l'impression d'avoir un terrain commun avec la personne en face de lui, il lui faut s'expliquer aussitôt en précisant qu'il parle surtout de certaines fonctions que l'on traduit sous l'appellation de "foie" mais qu'en réalité on n'entend pas la même chose par là qu'en médecine conventionnelle.

La médecine occidentale a des années lumière d'avance sur la médecine chinoise quant au fonctionnement bio-chimique du corps humain. C'est la raison pour laquelle, juger la médecine chinoise à travers ce prisme là, est non seulement inutile (car on n'a jamais prétendu se comparer à cela) mais insensée. Cela parle plus de l'ignorance (inadmissible à notre époque) de celui qui s'y emploie.

Non, il faut célébrer nos différences. Il faut comprendre la médecine chinoise sur son propre terrain sans essayer de lui faire singer la médecine occidentale, car ce faisant, on finit avec une version simpliste de la dernière et une zombification de la première. Pour que la médecine chinoise puisse représenter une "alternative", pour que l'on puisse jouir des possibilités qu'elle recèle, il faut lui laisser ses caractéristiques.

Dernière mise à jour : 20 déc. 2023


mandala sur le plafon d'un temple chinoise qui comporte un dragon

(Ceci est un article que j'ai écrit il y a quelques années pour l'Institut Rafael)

La Médecine Traditionnelle Chinoise comprend des théories diverses qui ont donné naissance à une myriade de styles en phytothérapie, en acupuncture, en techniques corporelles et manuelles ainsi qu’à des écoles qui ont mis l’accent sur des éléments différents les unes des autres (par ex L’Ecole de la Terre, L’Ecole de l’Eau, l’Ecole des maladies fébriles etc). Ceci est tout à fait compréhensible car son histoire commence quelques millénaires avant notre ère et elle se répand sur un territoire qui fait 17,5 la France (à peine plus petit que l’Europe), s’adaptant ensuite à tout le continent Asiatique. On peut difficilement s’imaginer l’immensité de cet édifice qu’est la Médecine Traditionnelle Chinoise et son incroyable richesse avec ses traités, commentaires, manuels, témoignages et données pratiques accumulées et transmises pendant des siècles. Pour y arriver, il faudrait la comparer à l’histoire de la médecine occidentale en commençant par les anciens (Hippocrate, Discorides, Gallien) et tous les auteurs, écoles, développements, et variantes régionales que l’on a connu au fil des siècles en Europe sur un territoire qui comprend entre autres la Russie, L’Allemagne, les pays nordiques, l’Italie, la France, l’Angleterre etc. Mais là ou la médecine occidentale à marqué une coupure nette avec son histoire depuis la découverte de la méthode scientifique, la Médecine Chinoise Traditionnelle a continué à s’adapter aux nouvelles idéologies médicales occidentales qui ont envahi la Chine depuis le 19eme siècle.

La Médecine Chinoise est bel et bien une ethno-médecine, et en tant que telle, ses théories, sa vision de l’être humain, de son bien être et de son lien avec l’univers ne peut être véritablement compris qu’en s’immergeant dans l’univers qui l’a vu naître sans essayer de lui plaquer par dessus nos propres catégories. Cette vision a été codifié dans des textes ancients comme le Nei Jing et le Nan Jing, et ce sont ces notions qui donnent une cohésion au foisonnement d’approches, styles et pratiques que l’on retrouve dans l’histoire de l’acupuncture. C’est parce qu’elle s’appuie sur les notions et les principes présents dans ces livres de référence sus-cités que l’on peut parler d’acupuncture traditionnelle.

Un point essentiel de cette vision c’est que la primauté est donné au subtil, à l’invisible! Le subtil est plus important et plus parlant que le visible. Ainsi, les symptômes concrets que présente le patient, ne sont que des indices qui pointent vers un déséquilibre subtil dont l’acupuncteur doit trouver l’emplacement puis en déceler la cause (souvent présente dans les habitudes de vie du patient, qu’elle soient au niveau alimentaire, physique, émotionnelle ou mentale). Une fois le déséquilibre trouvé et le niveau établi, l’acupuncteur peut choisir la théorie (Yin- Yang, 5 Elements, 6 Axes, 4 Energies, 3 Foyers etc) la plus approprié à appliquer dans le cas de son patient pour l’aider à retrouver l’équilibre, l’homéostasie.

La tradition raconte qu’à un moment donné du déploiement de la création, il vient un moment ou les souffles désorganisées commencent à s’assembler et à suivre un ordre. C’est le moment ou les choses se polarisent (on appelle cela le Yin - Yang), où l’on entre dans la dualité, essentielle à la création car c’est là qu’elle peut prendre forme (la dialectique entre l’observateur et l’objet observé) et que la vie peut surgir. La vie suppose des lois ou chaque element à sa propre place. Tant que l’ordre est présent, tant que l’être connaît sa place dans la vie, il est en bonne santé. Quand l’équilibre se trouve bousculé ( à cause d’un accident, un choc émotionnel, un deuil, une déception etc) , la conscience de sa mission ici bas (les chinois parlent de « mandat céleste») se trouve brouillé, ses souffles deviennent erratiques et la maladie surgit. Le rôle de l’acupuncteur traditionnel n’est plus ni moins que d’assister le processus de la vie, d’aider la personne à retrouver l’ordre intérieur et par voie de conséquence, sa destinée.

Dernière mise à jour : 20 déc. 2023


iceberg ou morceaux de glace dans la mer
L'effet énergétique du froid sur le corps.

Beaucoup de personnes ont adopté la coutume de la douche froide (ou l'alternance chaud-froid) matinale. Les raisons pour lesquelles on l'applique allègrement malgré le discomfort sont multiples: cette pratique est censée stimuler le système immunitaire (via un relâchement des cytokines qui sont censés lutter contre les bactéries et les virus), nous revigorer, calmer les inflammations, engourdir les nerfs (les douleurs disparaissent), ça relâche des endorphines qui rendent une sensation d'invincibilité, ça réveille.

Si tout ceci est vrai, pourquoi est-ce que la médecine traditionnelle chinoise s'oppose à son utilisation?

La douche froide représente un choc pour le système (tout comme les boissons froides ou glacés, la nourriture froide au niveau de la température ou au niveau énergétique, passer du temps dans le froid sans être assez couverts, les packs de glace au niveau du périnée et j'en passe).

Comment est-ce que le corps s'adapte à un tel traitement? D'après la médecine chinoise classique, quand le système est confronté à une "attaque" de froid ( pour les chinois les virus entrent dans cette catégorie également car ils sont énérgétiquement "froids") il le reconnaît comme une menace (= pathogène) dont il doit se débarrasser. Il va relâcher le "Yang des Reins" (= adrénaline pour faire court) qui va stimuler l'énergie défensive, Wei Qi (= système immunitaire). Cette énergie défensive est constitué de Yang et des fluides qui seront activés pour provoquer un éternuement ou une transpiration légère pour permettre au pathogène de sortir. Si l'organisme a suffisamment de ressources, le froid est évacué et la personne reste en bonne santé.

Si le corps n'arrive pas à expulser le froid de cette manière, ce dernier va pénétrer plus à l'intérieur de l'organisme, et le Yang des Reins sera utilisé alors pour provoquer une fièvre pour "cramer" le pathogen.

Si, en revanche, le corps est trop faible pour produire de la fièvre, ou si la fièvre est trop basse et qu'elle dure trop longtemps, cela va créer de la chaleur dans le corps (= inflammation) et le froid va pénétrer encore davantage vers l'intérieur du corps ou il peut potentiellement affecter les organes internes (gastrite, myocardite, cystite, hépatite etc). Alors le corps va activer ce que nous appelons "les Vaisseaux Divergents" dont le role est le prendre le pathogen et de le cacher au niveau des articulations principalement car il s'agit là d'un endroit de "latence"(les articulations sont denses et gardent en leur centre le liquide synovial qui est relativement stable).

Le froid restera caché à cet endroit le temps que le corps refasse ses ressources, acquière assez de chaleur pour être capable d'expulser le pathogen via une transpiration ou une fièvre.

Mais à force de choquer le corps encore et encore, on va inévitablement arriver au moment ou il ne sera plus en mesure de garder le pathogen "sous le tapis", et le froid va affecter maintenant la structure de l'articulation. L'énergie défensive va essayer de la combattre en attaquant le froid mais également l'articulation où il s'y trouve. Et voilà le début d'une maladie auto-immune (polyarthrite rhumatoïde par ex).

Mais Alina, vous allez me dire, je ne peux pas me réveiller sans ma douche matinale, sans l'énergie qu'elle me procure!

Deux choses: si vous avez besoin du choc que représente la douche froide pour vous réveiller, c'est qu'il y a déjà un problème sous-jacent (oui, c'est pareil pour le café, mais avec un impact plus petit!). Dans ce cas là, il ne faut pas hésiter de consulter un praticien en énergétique chinoise (acupuncture) pour vous aider à comprendre pourquoi, et régler le déséquilibre.

Deuxième point, la douche froide ne vous donne pas de l'énergie (pas plus que le café). Elle vous fait dépenser beaucoup d'énergie d'un coup qui vous réveille certes, mais à long terme, elle vous créera beaucoup de problèmes. Vous êtes en trains d'épuiser la cire de la bougie. La flamme (= votre vie) existe tant que la cire (l'énergie) est là pour l'alimenter.

Il faut se rappeler un fait tout simple, à savoir, que la vie humaine se déroule d'une manière optimale entre 36 et 37 degrés celsius. Nous pouvons élargir ces paramètres de 2 degrés environs (fièvre ou hypothermie) pendant un temps très limité, mais si le corps ne retrouve pas son équilibre rapidement, les dégâts seront considérables, pouvant aller jusqu'à la mort. Toute baisse de température oblige le corps à dépenser son énergie essentielle pour rétablir l'équilibre thermique qui permet à ses diverses fonctions de s'accomplir. Parfois la vie nous confronte à des situations qui nous font dépenser cette énergie essentielle pour notre survie (accidents, traumatismes etc.). Alors pourquoi dépenser volontairement cette précieuse ressource?


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