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English version Here. Avertissement: ces quelques paragraphes risquent de heurter la sensibilité des fans de Rothko. Ceci n'est que mon ressenti qui n'a aucune valeur "objective" (à supposer que l'objectivité existe, ce que j'en doute fortement).


The Omen of the Eagle, 1942

En attendant mon tour dans la file d’entree à la Fondation Cartier par une journée typiquement parisienne (c’est-à-dire nuageuse et pluvieuse), je m’encourage à ouvrir mon esprit pour laisser une chance à Rothko de me toucher de quelque manière que ce soit. Vous aurez compris, ce n’est pas tout à fait ma tasse de thé. Pourtant j’aime beaucoup de sortes de thés, y compris les « thés » symboliques et abstraits. Je n’ai en revanche jamais réellement compris l’attrait des gros carrés colorés. À chacun ses limites. 

J’avance dans les salles, et j’ai la même sensation que j’ai éprouvé des tas de fois pendant mes études universitaires quand j’étudiais le théâtre contemporain: la théorie est intéressante, on se tortille les neurones, on expose des grands principes, on s’emballe puis… on voit l’oeuvre. Et là en général ça tombe a l’eau.

Je n’ai pas apprécié Rothko car son oeuvre fait miroir à mon propre état d’esprit de cette époque là (état qui caractérise la quasi majorité des étudiants qui font des études supérieures): tout est concentré dans la tête, beaucoup de réflexion, pas beaucoup de ressenti, pas beaucoup de corps (chose intéressante car c’est l’époque où il décide que la figuration et le corps humain en particulier ne fait pas l’affaire pour l’expression de la condition humaine). 

Nous avons là un être avec une réelle quête de transcendance, qui s’intéresse aux mythes, à la littérature, aux rituels archaïques, à l’inconscient, des sujets passionnants, et pourtant la mise en forme de tout cela ne transcrit pas la portée que vise le peintre. 

En revanche ce que l’on voit très clairement c’est la mécanique mentale à l’oeuvre. Par certains cotés, les toiles des années 40’ me font penser à des oeuvres de Picabia: on y comprend rien sans le décodage des textes qui accompagne les tableaux. A plusieurs reprises je me suis vue inspirée et enthousiasmée par les textes puis déçue par l’image.

Comment on aurait pu aider Rothko grâce à l’acupuncture ? Comment le faire re-intégrer son corps, l’aider à revenir les pieds sur terre en le faisant quitter les méandres de son mental pour entrer dans la sensation? Ceci non pas dans le but de le couper de ses aspirations, mais au contraire, de l’enraciner pour qu’il puisse côtoyer l’expérience directe sans l’intermédiaire du mental?

Personnellement, j’aurais fais un traitement en 5 elements (encore!), mais cette fois-ci avec les éléments en croix. Je ramènerait l’axe vertical vers l’horizontale, c’est-à-dire, je ferais passer l’Eau vers le Bois et le Feu vers le Métal mais en passant par la Terre: 

Eau vers Bois: 3 R d/ 9 RP t/ 1 RP d/ 3 F t

Feu vers Métal: 7 C d/ 2 RP t/ 5 RP d/ 9 P t

Hélas, on ne saura jamais ce qu’un suivi en acupuncture aurait pu faire pour l’artiste, comment cela aurait pu transformer son oeuvre. Mais nous avons fort heureusement la chance d'utiliser l'acupuncture pour nous même, aussi bien pour nous enraciner que pour essayer de côtoyer la transcendance. 

Dernière mise à jour : 23 déc. 2023

English version here.

Paysage hivernal représentant le renouveau de la nature
La lumière naît au plus profond des ténèbres.

Le Solstice d'Hiver, ce moment charnière où le cosmos s'incline vers son état le plus yin, se profile à l'horizon, précisément le 22 décembre à 4h27 du matin.

Nous nous trouvons à l'apogée de l'hiver, immergés dans une période de ténèbres maximales, marquant ainsi le début d'un nouveau cycle, une véritable transmutation d'un état à un autre. Pour les sages Chinois, les solstices et les équinoxes symbolisent non pas le commencement, mais le point culminant des saisons.

Ce moment charnière, où le yang, représentant lumière et chaleur, atteint son minimum, et le yin, évoquant le froid et l'obscurité, atteint son apogée, nous confronte inévitablement à des extrêmes. Afin de célébrer cette occasion significative, j'ai élaboré un rituel en deux actes : avant et après le solstice.

Guidé par la sagesse des 5 éléments, une théorie qui s'applique à n'importe quel cycle, j'ai choisi de débuter avec une transition du Métal vers l'Eau. L'Hiver, dominé par l'élément Eau, s'épanouit lorsque nourri par son prédécesseur, le Métal de l'Automne. Je célèbre ainsi le mouvement énergétique du Métal vers l'Eau, un don maternel de l'élément Métal à son enfant, l'Eau. Ce choix délibéré d'accentuer le mouvement descendant vers le yin pendant le moment le plus yin de l'année n'aurait pas été approprié pour une personne dépressive ou en manque de yang. N'étant pas dans ce cas de figure, je vois dans cette démarche une opportunité non seulement de transformation "à l'horizontale" (passage temporel d'une étape à une autre) mais aussi d'exploration des profondeurs (un mouvement externe - interne) , qui est en parfaite résonance avec mon travail du moment.

Pour la phase post-solstice, je me concentrerai sur le passage Eau - Bois (Printemps), favorisant ainsi le démarrage du nouveau cycle, une renaissance yang au sein de l'océan yin. La vie reprend son élan, et idéalement, nous nous hisserons vers un cycle supérieur dans notre évolution personnelle (l'acupuncture aidant!).

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Après le premier traitement je me suis retrouvée dans un état méditatif, très différent de celui dont je parlais dans l'article sur les choix. Ici j'ai eu une sensation physique d'une détente au niveau des tempes, comme s'il y avait une rivière dégelée qui se mettait à couler vers le bas. Une grande sensation d'enracinement, de détente physique et mentale.

Le deuxième traitement a un un effet très différent. Toujours dans le calme mais j'ai ressenti comme un redressement intérieur, comme un éveil (sans connotation spirituelle) de bas en haut: j'ai l'image de la sève d'un arbre qui monte et qui réveille les diverses structures, surtout le haut (la tête). Mais c'était un éveil en douceur qui ne m'a pas empêchée de m'endormir ( le tout se passait vers 23h du soir...). Sensation très agréable, probablement plus utile en journée que la nuit.


Dernière mise à jour : 15 janv.

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panneaux indiquent plusieurs choix à faire
Quand on ne sait pas quelle voie prendre, comment choisir?

Vous souvenez-vous de l’époque où Jésus multipliait les pains pour ses semblables ? C'est précisément ce que fait mon esprit la plupart du temps. Et pas dans le bon sens. Par exemple, je travaille paisiblement sur quelque chose, puis un désir surgit (« Ne serait-ce pas génial si je faisais X... ? ») et tout à coup la multiplication commence (« Oh, mais l'autre chose serait également géniale, et puis n'oublions pas Y, et puis évidemment cela nous amène à Z et et et..."). Cela ne mène naturellement nulle part. Pour que l’énergie soit efficace, elle doit avoir une direction claire.


J’ai donc réfléchi à la façon dont je pourrais gérer cela en termes d’acupuncture. Maintenant, il y a plusieurs manières d'interpréter les choses, voici la mienne à cet instant précis. Les choses peuvent fonctionner différemment selon les personnes :

1) Le processus de multiplication

L'imagination est en jeu et elle n'a pas de limites. Étant donné que la Rate est celle qui gère le mental et l'imaginaire et que ses effets multiplicateurs doivent être supervisés par le yang de l'Estomac, je devrais probablement commencer par un classique de l'acupuncture, REN 12, le point maître de l'Estomac. L’idée est d’aider l’Estomac à faire son travail afin qu’il puisse aider la Rate à se calmer. J'ajouterais aussi le 2 RP (La Grande Métropole) qui renforce la Rate et qui agit sur ses excès physiques et subtils, ici les pensées.

2) Manque de capacité à choisir

Comment traduirait-on « choix » dans le langage acupunctural ? Ce qui me vient tout d’abord à l’esprit, c’est l’élément Métal, dans sa polarité Yang (Gros Intestin – car on parle d’agir). Pourquoi? Parce que le métal aide à trancher. Par extension, cela aide à éliminer toutes les absurdités (pensez au gros intestin et au type de tri qu'il produit), et à prendre une décision. Vu que mon souci implique le "faire", on peut aussi y entendre "fer" ce qui est à propos. Et puis si l'on regarde le symbolisme ancien lié au Gros Intestin tel qu'il est mis en lumière par Heiner Fruehauf, on s'aperçoit que le GI gère la production (sens littéral et figuré)! Eh bien oui, on manifeste bel et bien des choses quand il s'exprime le matin dans les toilettes! Mais tout ce que l'on crée dans la matière ou par l'esprit peut être vu comme une fonction du GI. Quand ce dernier a un bon fonctionnement, il s'agit d'une production sacralisé, c'est-à -dire une production en lien avec plus grand que soi. Nous vivons aujourd'hui dans un monde où la production est complètement désacralisée: on crée en masse des objets en plastique, sans valeur, tous pareils, centrés uniquement sur une fonctionnalité en laissant du côté le beau, la valeur, le sens. Ces objets nous étouffent et polluent notre environnement.

Tout cela pour dire qu'en effet le GI peut être un choix intéressant. Quels points peut-on utiliser? Eh bien, je pense au 4 GI dont le nom peut se traduire par « la vallée unifiée » selon Jeffrey Yuen, car j'aime bien l’idée d’unité qu’il recèle, et en tant que point yuan, il renforce les fonctions justes du Gros Intestin (GI). Je pense également au 17 GI (Le tripode céleste), un point « fenêtre du ciel » qui peut aider à s’ouvrir aux influences célestes, c’est-à-dire, se laisser inspirer par autre chose que l'ego.

2) Un choix éclairé

Le Métal a besoin de la clarté de l'élément Feu, de l'Esprit, pour prendre une décision qui soit en phase avec qui nous sommes vraiment, c'est-à-dire quelque chose de significatif et d'épanouissant. Maintenant, 17 GI reprend un peu cette idée. Mais nous pouvons également utiliser soit 5 GI (point de feu sur le méridien du GI) pour amener de la clarté dans nos prises de décision, soit ajouter HT 4 (La Voie de l’esprit) qui nous aide à nous connecter à notre chemin spirituel.

3) La Persévérance

Une fois le choix fait, il faut aussi s'y tenir car aucun résultat qui en vaut la peine n’advient en un jour. Ceci me fait penser aux Reins (R) qui, grâce au Jing (notre énergie essentielle) qu’ils contiennent, représentent notre batterie interne. On a bien besoin de carburant pour atteindre notre destination. De surcroît, nous sommes en hiver maintenant, c'est donc le meilleur moment pour soutenir les Reins. Beaucoup de points pourraient être utilisées ici, mais je vais choisir le 6 R (Mer brillante) car il apporte la clarté et la connexion de l'élément Feu au niveau Yuan, qui est la couche la plus profonde de notre être (connexion avec le Yin Qiao Mai, un méridien extraordinaire). Et j'utiliserais aussi 12 R (Grande Manifestation) car, comme son nom l'indique, c'est un point de connexion avec le Chong Mai, la racine de toutes choses dans notre être. Il est placé sur le bas de l'abdomen, près de l'utérus, avec des liens évidents à la fertilité, à la gestation qui est un exemple de création et de manifestation.

En regardant les différents points, je me dis que même dans mon traitement il y trop de choix! On a des points situés sur 5 méridiens différents, ce qui me semble trop. Je vais donc diminuer à trois maximum. Ainsi, je vais garder le 4-5-17 GI, le 2 RP et le 6-12 R. En revanche ce que je trouve intéressant c’est que les trois niveaux (Wei, Yang et Yuan) sont présents dans ce traitement, malgré le fait que j’ai travaillé uniquement avec les méridiens principaux.

Il se trouve que j'ai choisi un traitement axé plus sur la fonction des points avec un peu de raisonnement en 5 éléments. J’aurais pu choisir une toute autre stratégie. Les possibilités sont très nombreuses c'est pourquoi on ne s'ennuie pas en acupuncture !


10 minutes après la pose de magrains sur les points (non, je ne les ai même pas piqués!):

Eh bien mes pensées se sont déjà calmés. Je me sens plus recentrée, plus posée, plus disponible à recevoir de l'inspiration plutôt que de subir le va et vient incessant de mes pensées. Mes tensions au niveau de la nuque et des épaules se sont beaucoup estompées. J'arrive à voir mes priorités et je me mets au travail avec beaucoup de sérénité, calme et patience.

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